Exposition Leonard Di Vinci : Retour sur le travail d'immersion d'Europa Expo
- Laurent Keysers
- 26 févr. 2024
- 4 min de lecture
Le 24 février dernier, Europa Expo dévoilait sa nouvelle exposition immersive située à l'espace muséal de la Gare des Guillemins de Liège. Voici une interview de Jean-François Hubert ( commissaire de l'exposition) :
Culture-Toi : Présentez-nous l’exposition Di-Vinci !
Jean-François Hubert : Cette exposition Léonard de Vinci a pour but de réaliser un parcours grand public sur la personnalité de Léonard de Vinci, alors différentes facettes, Léonard de Vinci est un personnage tellement riche qu'il est aujourd'hui extrêmement difficile de faire un portrait le plus fidèle possible, mais on essaye effectivement d'assister sur certaines facettes. L'exposition commence par une immersion dans le mythe de Léonard de Vinci. Aujourd'hui encore, les tableaux de Léonard sont copiés, caricaturés, utilisés dans les médias, dans les réseaux sociaux. On voit la joconde partout. Encore il y a quelques semaines, elle a été utilisée, aspergée de sauce tomate pour faire passer un message politique. Donc on voit effectivement que le mythe de Léonard est bien présent. Lorsqu'on veut faire parler de soi, on utilise souvent cette image. On parle également du Salvatore Mundi, le tableau le plus cher du monde. Mais finalement, Léonard de Vinci, ce n'est pas que ça, ce n'est pas qu'un mythe, ce n'est pas qu'un inventeur. Et l'exposition se dit, tiens, qu'est-ce qu'il nous a finalement vraiment laissé? Eh bien, il nous a laissé des milliers de pages de codex, quelques tableaux. Et donc ça, c'est vraiment être la source du parcours. Et donc grâce à ces codex, on va étudier sa vie, on va étudier sa facette d'ingénieur, d'architecte, d'homme de guerre. On va découvrir également la facette de peintre, de sculpteur et également une nouveauté, la facette de gastronome.
Culture-Toi : Quel est l’objectif principal de l’exposition ?
Jean-François Hubert : Alors forcément, Léonard, on a tellement écrit, on a écrit encore tellement sur lui, que nous la démarche c'était justement de ne pas tomber dans le mythe, dans celui qui a tout fait, qui a tout vu, qui a tout imaginé. Et donc par exemple dans les machines, on explique tout simplement que ses codex après lui, qui ont été rassemblés par Francesco Melzi, qui ont été ensuite diffusés et répartis dans plusieurs collections, finalement sont restés très peu connus du grand public. Et aujourd'hui, dire que Léonard a inventé l'hélicoptère, a inventé des machines de guerre, a inventé la voiture, c'est des choses complètement folles forcément et fausses. Et donc on essaye justement d'expliquer ça, que ça n'enlève rien d'ailleurs à son génie. Il a imaginé des concepts, il a imaginé des inventions, il a imaginé des procédés totalement inouïs, mais malheureusement, ça n'a pas débouché systématiquement sur du concret. Donc il n'est pas l'inventeur de tout ce que l'on voit, mais il l'a préfiguré effectivement de manière exceptionnelle 400 ou 500 ans avant.
Culture-Toi : La scénographie, quelque chose d’important dans cette exposition ?
Jean-François Hubert : Lorsque l'on traite un sujet comme Léonard de Vinci, comme tout d'autres sujets d'ailleurs, sur des dimensions d'exposition aussi grandes, on est sur 2000 m2 ici à la gare des Guillemins, il faut aussi d'abord, quand on conçoit cette exposition, connaître la capacité d'attention du visiteur. Il vient ici pour s'instruire, il vient passer ici pour passer un bon moment, seul, en couple ou en famille. Tout ça, il faut en tenir compte. Et forcément, on doit renouveler son attention. Alors parfois, on est dans une exposition avec des documents, avec des objets anciens, avec des légendes, avec des textes. Mais on ne peut pas faire ça sur l'ensemble du parcours. Donc forcément la scénographie c'est quoi? Pour moi c'est justement d'agrémenter, tout en restant fidèle à la critique historique, d'agrémenter le parcours pour redynamiser l'attention du visiteur, pour qu'il y ait des moments de pause, des moments plus faciles, des moments de compréhension, non pas simplement en texte ou en audio mais visuellement. Et donc c'est important, je pense, qu'une exposition comme celle-là, grand public, soit jalonnée de pauses, d'étapes, ou en tout cas de varier les moyens de découvrir la matière.
Culture-Toi : Comment toucher un public plus jeune ?
Jean-François Hubert : Le secret réside dans le moyen de communiquer le message. Je pense qu'on ne peut plus aujourd'hui faire abstraction à ce monde d'image, de rapidité. On ne peut pas le nier. Je pense qu'on doit s'adapter dans les médias comme la scénographie musée, la muséolographie. On doit s'adapter justement à ça. Et je pense que, moi je le constate avec mes propres enfants, il faut leur expliquer. Il faut leur montrer différemment. On utilise peut-être plus l'image, on utilise peut-être plus la vidéo. Mais je pense que c'est la communication, c'est le moyen de communiquer. Tout le monde, tous les jeunes, n'importe quelle couche sociale, n'importe quel âge, ne peut être qu'impressionné par Léonard de Vinci comme ils peuvent être impressionnés par Miro, comme ils peuvent être impressionnés par Matisse, comme ils peuvent être impressionnés par Picasso, ou même par Napoléon. C'est des personnages qui étaient simples, c'est des personnages qui ont une histoire à raconter, des messages forts à faire passer. La seule difficulté, c'est de trouver le bon moyen pour s'adresser au bon public.
Merci Jean-François Hubert et Europa Expo pour cette interview !
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